L’idéologie néolibérale : justification des inégalités de genre et frein à l’action collective féministe
Thèse dirigée par Virginie Bonnot
Soutenance le vendredi 2 décembre à 13h30 en salle 1029
Résumé :
Etudier les freins à l’engagement des femmes dans des actions collectives en faveur de leur groupe est essentiel si l’on veut comprendre la persistance des inégalités de genre. Cette thèse s’intéresse à l’un de ces freins, l’idéologie néolibérale, considérée comme un outil de préservation du statu quo. Dès lors, la thèse défendue est que l’idéologie néolibérale diminuerait l’identification politisée de féministe et par ce bais, l’engagement des femmes dans des actions collectives en faveur de leur groupe. Plus spécifiquement, il est proposé que cette idéologie entrave l’identification féministe de deux manières : 1) en adaptant les femmes au bon fonctionnement du système néolibéral et ses composantes patriarcales, et 2) en offrant des arguments de légitimation des inégalités de genre. L’hypothèse centrale de cette thèse est testée au travers de trois Chapitres. Le Chapitre 1 vise à développer une définition empiriquement fondée de l’idéologie néolibérale. Le Chapitre 2 porte sur la fonction d’adaptation de cette idéologie et teste l’hypothèse selon laquelle l’exposition à l’idéologie néolibérale diminue l’engagement des femmes dans l’action collective. Enfin, le Chapitre 3 étudie la fonction de légitimation en testant l’hypothèse selon laquelle les femmes temporairement motivées à justifier le statu quo adhéreraient alors plus fortement à l’idéologie néolibérale et par conséquent, s’identifieraient moins comme féministes. Au final, cette thèse aboutit, grâce à l’analyse qualitative d’entretiens individuels, à la construction d’un outil, le NOQ (Neoliberal Orientation Questionnaire) qui met en évidence quatre dimensions de cette idéologie : la compétition, l’autorégulation, le détachement relationnel ainsi que le retrait de l’Etat. En outre, si l’exposition à la dimension méritocratique de l’idéologie néolibérale permet effectivement de réduire l’identification et l’action collective féministe, plus de recherches sont, à ce jour, nécessaires pour conclure qu’il en va de même lorsque toutes les dimensions de l’idéologie sont considérées. De même, plus d’études doivent être menées afin d’aboutir à un paradigme permettant d’activer la motivation à justifier le système et ainsi tester l’hypothèse du Chapitre 3. Il apparaît cependant que l’adhésion à l’idéologie néolibérale s’accompagne effectivement d’une plus grande justification des inégalités de genre. En somme, cette thèse permet de développer notre connaissance de l’idéologie néolibérale du point de vue de la psychologie sociale et illustre en partie en quoi elle est susceptible de représenter une entrave à l’égalité de genre.
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