Présentation

Dans le cadre du projet de l’EA 4471 pour le quinquennat 2019-2023, nous nous focalisons sur le thème de la « Régulation ». Au niveau fonctionnel, la régulation permet une flexibilité adaptative de l’individu face aux divers contextes rencontrés, afin de répondre à des opportunités ou à des contraintes et exigences de l’environnement social. Plus spécifiquement, la régulation se réfère aux processus par lesquels un individu modifie, ajuste et adapte ses émotions, ses pensées et ses comportements pour répondre aux exigences d’une situation sociale, tout en poursuivant la réalisation de ses buts (Oyserman, 2007).

Ce processus de régulation est déclenché (de manière automatique ou contrôlée) dès lors qu’un individu perçoit dans son environnement social des événements qu’il évalue (consciemment ou non) comme nécessitant des ajustements affectifs, cognitifs et/ou comportementaux. Ainsi, la régulation implique un objectif que l’individu cherche à atteindre. Cet objectif peut avoir été choisi par l’individu ou prescrit (imposé) par l’environnement social et entretenant un lien avec ses motivations diverses. Ces motivations peuvent consister par exemple : à maintenir une image positive du soi ou de son groupe d’appartenance, à maintenir ses cognitions ou croyances initiales, à préserver la croyance en un système juste, à garantir la cohésion du groupe, à entretenir des interactions sociales harmonieuses, à répondre de manière adaptative aux changements imposés par l’environnement ou la société, etc.

Dans ce cadre, l’objectif à atteindre peut être conçu comme une image (ou représentation) projetée ou anticipée. Ces images peuvent mobiliser le soi personnel (ou identité personnelle) d’un individu mais aussi le soi social (identité sociale) en tant que membre d’un groupe et peuvent motiver l’individu à initier ou à inhiber une action afin de poursuivre les objectifs fixés ou qui découlent de ces caractéristiques individuelles ou collectives. En effet, le fait que l’identité personnelle ou sociale soit principalement engagée à un instant donné va déterminer la sélection du but à poursuivre, les stratégies mises en place pour l’atteindre, mais également les conséquences cognitives, émotionnelles et comportementales associés à ces processus de régulation.

En amont, une série d’indices contextuels (ou caractéristiques situationnelles) déterminent l’aspect ou le contenu du soi (individuel ou collectif) qui deviendra saillant, influençant par-là le type de régulation et les comportements mis en œuvre. De fait, nous nous basons ici sur le principe fondamental selon lequel l’individu se construit, se perçoit et se projette à un moment donné en fonction du contenu expérientiel affectif et cognitif actuel/accessible et le fait que ce contenu peut être contextuellement et/ou chroniquement amorcé. De plus, la facette du soi ciblée ou saillante dans une situation spécifique (découlant de facteurs divers) peut également déterminer l’évaluation même d’un événement comme présentant une menace ou un défi/une opportunité. Par exemple, un test d’intelligence peut être considéré comme menaçant lorsque le soi social d’un individu appartenant au groupe African Americans est activé, mais en revanche être évalué comme une opportunité (ou un défi) pour réussir (être admis à Yale) lorsque le soi individuel est activé.

Au niveau de la structuration, nos recherches sur la thématique de « Régulation » seront donc organisées en deux axes en fonction de la facette du soi impliquée :

  • au niveau du soi personnel/individuel (Axe 1) ;
  • et au niveau du soi social, c’est-à-dire en tant que membre d’un groupe/d’une société (Axe 2).

Le processus d’évaluation des situations (e.g., en tant que menaçantes ou présentant des opportunités et exigeant des adaptations) représente la première étape de l’activation (ou non) de la régulation. Qu’elle soit liée au soi personnel ou collectif d’un individu, la régulation sera activée par des événements qui ciblent l’individu personnellement (e.g., un événement mettant en cause ses croyances initiales, un indice signalant le danger ou l’opportunité, des objets d’attitudes négatifs/positifs, un événement mettant en cause notre perception positive de soi, un événement qui inspire l’individu à atteindre un standard) ou en tant que membre d’un groupe/d’une société (e.g., un événement mettant en cause l’ordre social i.e. le statu quo, un événement historique mettant en cause notre identité, des situations intergroupes tendues ou conflictuelles). Ces régulations peuvent faire intervenir des processus de bas niveau et opérer de manière relativement automatique (e.g., comportements d’approche-évitement, orientation de l’attention, évaluations spontanées), jusqu’à un niveau plus élaboré avec la mise en place des processus contrôlés (e.g., comportements intergroupes, prise de décisions).

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