Réduction de l’inconsistance et radicalisation des croyances : application aux théories du complot
Thèse dirigée par David Vaidis
Soutenance le 2 avril 2024 à 14h en salle du Conseil
Composition du jury :
David Vaidis (Directeur de Thèse) – Professeur à l’Université de Toulouse Jean Jaurès
Olivier Klein (Rapporteur) – Professeur à l’Université Libre de Bruxelles
Daniel Priolo (Rapporteur) – Maître de conférences à l’Université de Montpellier 3
Alice Normand (Examinatrice) – Professeure à l’Université Clermont Auvergne
Peggy Chekroun (Examinatrice) – Professeure à l’Université Paris Nanterre
Mathieu Cassotti (Examinateur) – Professeur à l’Université Paris Cité
Résumé :
Nous sommes sans cesse exposés à des informations qui violent nos attentes sur l’état du monde, et l’aptitude à y réagir de manière efficiente se pose comme un impératif adaptatif de premier ordre. Si la théorie de la dissonance cognitive est un modèle influent pour comprendre nos réactions face aux inconsistances, elle n’a pas offert jusqu’à présent un modèle de décision susceptible de prédire le type de stratégie de réduction. Par ailleurs, bien que la théorie de la dissonance cognitive se soit focalisée sur le changement d’attitude, plusieurs travaux empiriques ont mis en évidence une radicalisation des croyances après une inconsistance, sans pour autant fournir de mécanisme explicatif. Dans cette thèse, nous suggérons un mécanisme de prise de décision (i.e., modèle EIM) susceptible d’amener l’individu à maintenir ses attentes contre les informations contradictoires via l’utilisation de stratégies de réduction défensives. Parmi ces stratégies, nous nous concentrons tout particulièrement sur l’utilisation de théories du complot comme stratégie de réduction par adhocité pour réduire une inconsistance générée lors d’une communication sociale et susceptible d’entraîner un renforcement des croyances. Dans une première ligne de recherche empirique, nous montrons que les paramètres informationnels isolés par notre modèle de prise de décision face à une information contradictoire influencent la réduction de l’inconsistance (études 1, 2 et 3). Nous montrons également que l’utilisation d’une stratégie de réduction défensive à travers l’adhésion à une théorie du complot ad hoc génère un renforcement des croyances (études 1 et 4).
Dans le second axe de la thèse, nous nous interrogeons sur les mécanismes susceptibles d’orienter la réduction de l’inconsistance vers une théorie du complot lorsque l’information contradictoire est produite dans le cadre d’une communication sociale. Comme nous le présentons dans notre modèle de traitement de l’inconsistance, la prise de décision face à une information contradictoire doit intégrer une prédiction de second ordre quant à la fiabilité du signal d’erreur. Dans le cas spécifique d’une inconsistance générée dans le cadre d’une communication sociale, l’évaluation de la fiabilité pourrait reposer, entre autres, sur l’évaluation du risque de triche. À partir de cette hypothèse, nous suggérons un mécanisme de détection de la triche permettant à l’individu d’évaluer le risque de triche et susceptible d’orienter la réduction de l’inconsistance vers une théorie du complot, lorsque le risque de triche associé à l’information contradictoire est perçu comme important. Dans une seconde ligne de recherche empirique, nous commençons par montrer le lien entre le mécanisme de détection de la triche que nous décrivons et la croyance dans des théories du complot (études 5 et 6). Puis, nous mettons en évidence que l’utilisation d’une stratégie de réduction défensive sous la forme d’une théorie du complot dépend de la présence de l’existence d’indices de triche associés à l’information contradictoire (études 7 et 8).
Enfin, dans la dernière partie de la thèse nous discutons de l’intérêt du modèle EIM pour comprendre la gestion des anomalies empiriques dans la pratique scientifique. Nous aborderons en particulier les conséquences de ces réductions sur la radicalisation des communautés scientifiques, mais également sur les crises et les changements de paradigme dans l’Histoire des sciences en adoptant la perspective épistémologique de Thomas Kuhn.
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