Date : lundi 13 février à 14h

Lieu : salle du Conseil

Résumé : Après s’être longtemps concentré sur des groupes créés expérimentalement et sortis de tout contexte historique (Condor, 1996), un nombre croissant de travaux en psychologie sociale appréhende désormais les groupes sociaux dans une perspective temporelle (Sani et al., 2007). Ces recherches suggèrent notamment que la façon dont nous nous rappelons le passé et imaginons le futur de notre groupe national (i.e., mémoire collective et projection collective future) répondrait à une logique de (re)construction permanente, tout en servant d’ancrage à nos attitudes et comportements sociopolitiques présents (e.g., soutien et participation à des actions collectives).
Dans cette intervention des recherches empiriques qui attestent de ces influences croisées entre mémoire collective, présent collectif et projection collective future seront présentées. Plus précisément, j’évoquerai dans un premier temps des travaux montrant (1) que la reconstruction du passé national s’adapte aux préoccupations et menaces du présent, et (2) que nos perceptions et ressentis par rapport au passé collectif contribuent à façonner notre vision de l’état actuel de la société et nos attitudes sociopolitiques présentes. Puis, je présenterai une série d’études soulignant que les projections et ressentis concernant le futur du pays (1) sont également influencés par la façon dont les individus perçoivent la société actuelle et (2) sont par ailleurs associés à leurs intentions d’action collective présentes.Ces résultats seront notamment discutés à la lumière du contexte sociopolitique contemporain, dans lequel la reconstruction sélective de l’histoire nationale et l’instrumentalisation des angoisses vis-à-vis du futur du pays sont devenues le fer de lance de certains leaders politiques à travers le monde.

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