Date : Lundi 4 avril 2022 à 14h
Lieu : salle 3035

David Fonte

Mots clés :  épistémologies féministes, psychologie évolutionniste, violence masculine, naturalisation du social

Résumé : 

En critiquant une notion d’objectivité scientifique fixée sur la neutralité axiologique, les philosophes féministes ont apporté une compréhension inédite des relations existantes entre production du savoir et exercice du pouvoir. De ces analyses ont été élaborées plusieurs théories de la connaissance telles que l’épistémologie du point de vue et l’épistémologie de l’ignorance. La première insiste sur le caractère socialement situé de tout savoir tandis que la seconde – corollaire de la précédente – définit l’ignorance, non pas comme une absence de savoir ou une limitation de la connaissance, mais comme le résultat de pratiques savantes façonnées par des rapports de domination. Je prendrai la psychologie évolutionniste comme objet d’étude afin d’illustrer l’intérêt de ces épistémologies. Pour ce faire, je questionnerai les présupposés idéologiques de la discipline qui contribuent selon moi à produire une forme d’ignorance sur la violence masculine. D’une part, en retraçant la filiation de la psychologie évolutionniste avec la sociobiologie et les relations conflictuelles qu’elle entretient avec les sciences sociales et les études féministes en particulier ; d’autre part, en m’interrogeant sur les conceptions implicites du “social” et du système sexe/genre sous-tendant les explications psycho-évolutionnistes. En m’appuyant sur les épistémologies féministes ayant trait à la production du savoir et de l’ignorance, je tenterai alors de montrer que la prétention des psychologues évolutionnistes à définir leur science comme une pratique neutre car dépourvue de toute valeur ou idéologie, constitue une position discursive impossible. Ou plutôt : que cette prétention se traduit en une position politique tout à fait située socialement dans la mesure où elle s’inscrit dans un rapport d’opposition et d’hostilité envers des savoirs féministes dont l’effort consiste au contraire à dénaturaliser les rapports sociaux de genre pour en montrer le caractère éminemment politique, et donc, modifiable.

Bio: David Fonte est Maître de conférences en psychologie sociale. Responsable du diplôme universitaire “Violences faites aux femmes / violences de genre” à l’Université de Paris, ses travaux de recherche portent sur la légitimation sociale des violences masculines. Il est co-auteur de l’ouvrage “La violence conjugale, entre vécu et légitimation patriarcale : contribution pour une psychologie féministe” (Éditions Mardaga) et codirige actuellement un ouvrage collectif intitulé “Épistémologies féministes et psychologie : savoirs situés, pratiques situées” (Éditions Hermann).

 

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