Réactions aux Violations des Normes de Genre d’Adolescent·e·s : Une Approche Multiparadigmatique

 

Thèse dirigée par Virginie Bonnot et Cristina Aelenei

Soutenance le vendredi 6 décembre 2024 à 14h en salle du Conseil

Composition du jury :

Virginie Bonnot (Directrice de thèse) – Professeure – Université Paris Cité
Cristina Aelenei (Co-encadrante de thèse) – Maîtresse de Conférence – Université Paris Cité
Clara KULICH – Professeure Associée – Université de Genève – Rapporteuse
Patrick MOLLARET – Professeur – Université Paris 8 – Rapporteur
Isabelle RÉGNER – Professeure – Université Aix-Marseille – Examinatrice
Vincent YZERBYT – Professeur – Université Catholique de Louvain – Examinateur

 

Résumé :

Le phénomène des réactions aux violations des normes de genre a été largement étudié en psychologie sociale et développementale, la plupart des recherches trouvant et théorisant des réactions négatives. Compte tenu des récents changements socio-culturels et politiques autour des questions de diversité de genre et de discrimination, nous visons à actualiser la compréhension de ce phénomène, en nous concentrant sur les adolescent·e·s en tant que cibles, en raison de la nature unique de l’adolescence en tant que période développementale et du rôle des adolescent·e·s dans ces changements socio-culturels. En effet, je défends la thèse qu’il est nécessaire de remettre en question et de confronter empiriquement plusieurs paradigmes théoriques et méthodologiques utilisés dans la littérature pour étudier ce phénomène à la lumière du contexte actuel. La thèse commence par une exposition des principaux cadres théoriques guidant la thèse, y compris des modèles de réactions aux violations des normes de genre basés sur la théorie de la justification du système et la théorie de l’identité sociale. Dans le premier chapitre de l’Axe I, nous adoptons l’approche la plus couramment utilisée dans la littérature (c’est-à-dire l’effet de backlash) et examinons les réactions d’adultes face aux adolescent·e·s non conformes aux normes de genre à travers le prisme de la théorie de la justification du système. Les résultats sont non concluants, ne montrant pas de réactions négatives claires et des réactions positives, mais inconsistantes étant de plus nuancés par des problèmes méthodologiques. Dans le troisième chapitre, nous explorons les réactions d’adultes en utilisant une conception continue des violations des normes de genre. Nous constatons que lorsque les violations des normes de genre sont définies par des traits de personnalité genrés objectifs, les adultes ont tendance à préférer les adolescent·e·s androgynes (parfois par rapport à toutes les autres cibles et d’autres fois seulement par rapport aux cibles masculines). Cependant, lorsque les violations sont perçues en fonction de la similarité relative aux pairs du même groupe de genre, les réactions varient, montrant des patterns de réaction à la fois positifs et négatifs selon le concept mesuré. Dans le chapitre quatre (Axe II) utilisant une nouvelle fois le paradigme du backlash, nous étudions les réactions d’adolescent·e·s et de jeunes adultes envers leurs pairs non conformes aux normes de genre, et trouvons que les filles réagissent généralement plus positivement que les garçons. Enfin, dans l’Axe III (chapitre cinq), nous examinons l’impact de la proximité relationnelle entre les réacteurs et les transgresseurs des normes de genre, en suggérant que des relations plus proches offrent davantage d’opportunités pour justifier des réactions négatives. Cela est corroboré par nos résultats montrant que les adolescent·e·s sont plus susceptibles d’exclure leurs camarades de classe qui violent les normes de genre (et en particulier ceux de leur groupe de genre), et que les parents (essentialistes) réagissent plus négativement aux violations des normes par leurs propres enfants. La thèse se conclut en intégrant ces résultats dans un modèle combinant la littérature sur les réactions aux violations des normes de genre et la littérature sur l’expression des préjugés. Nous soutenons que les résultats observés ici et le phénomène des réactions aux violations des normes de genre dans son ensemble en 2024 peuvent être compris comme émanant de préjugé contre les personnes violant les normes de genre, enraciné dans une motivation basé sur l’identité sociale, ensuite supprimée par le contexte normatif présent aujourd’hui prônant la non-discrimination et l’ouverture, ce qui incite les individus à justifier leurs préjugés et à les exprimer lorsque des justifications sont à leur disposition. 

 

 

 

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